« Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple » ? Telle est la devise au pays de la refente, où les lutins portent au plus haut niveau l’art de la refente.
Partisans du moindre effort, les lutins ont compris depuis longtemps qu’ils pouvaient profiter des alignements de fibres de certains matériaux pour les diviser dans le sens des fibres. Ils évitent ainsi les efforts nécessaires pour détruire ces fibres en sciant. Ils évitent également les risques de déviation, par rapport au sens des fibres, inhérents à l’utilisation de lames (couteaux, ciseaux, etc).
Principe de la refente selon les fibresUn matériau a des fibres alignées (1).Une petite fente est faite, à la main ou avec une lame (2).Les deux parties sont écartées de façon à ce que la courbure soit la même des deux côtés (3a), et la fente s’élargit en suivant les fibres (4a).

Principe de la refente affinanteUn matériau a des fibres alignées (1).Une petite fente est faite, à la main ou avec une lame (2).Une partie est écartée avec une courbure plus forte que l’autre partie (3b). La croix blanche représente un point de blocage de l’écartement, contribuant à réaliser la courbure forte (3b). Des fibres vont casser là où la courbure est la plus forte, ne pouvant s’allonger suffisamment, et cette partie s’affine (4b).

En pratique, voyons d’abord les cas où l’on cherche une refente parallèle aux fibres. Si en plus le matériau est très facile à refendre, comme le phormium, toutes les techniques fonctionnent.

Lorsque les fibres se cassent plus facilement, le geste doit être plus précis. c’est le cas pour le carex.

Les techniques sont différentes pour la refente de bois. Pour « lever » une longue éclisse de noisetier, il va falloir courber la branche, et il faut pour ça de l’énergie … ou un bon levier (photo) !Des refentes successives pourront ensuite donner une éclisse aussi souple que du fil … alors que c’est du bois.

Pour refendre en moitiés égales une branche de châtaignier, pour faire un manche de balai sauvage, il suffit d’entailler la branche avec un couteau avant d’écarter les deux moitiés, avec plus de force quand on arrive sur un nœud qui gêne la courbure.

Plus technique encore, l’obtention de lattes de châtaignier peut se faire, au moment de la montée de sève, avec un couteau que l’on utilisera pour les refentes successives d’une petite branche, jusqu’à obtention de lattes très souples.

Refendre une branche en trois ? C’est ce qui se fait pour l’osier, par exemple, grâce à un fendoir. Et en quatre ? C’est possible aussi ! Et sans fendoir ? On peut y arriver aussi, mais le fendoir facilite la refente !

Et la refente affinante ? Elle peut être intéressante pour les manches de balayette : on tentera de refendre droit sur 7 ou 8 cm, avant de courber rapidement le morceau à enlever. Sur la photo, on aperçoit du côté gauche les fibres cassées.

Tu n’as aucun de ces matériaux ? Alors, développe ton art de la refente avec des feuilles de poireau, à refendre en épaisseur et en largeur !